150 ans de l’arrivée du train à Landerneau : améliorer et sauvegarder.

commentaires Commentaires fermés sur 150 ans de l’arrivée du train à Landerneau : améliorer et sauvegarder.
Par , 18 septembre 2015 7 h 24 min

17 septembre 2015 : communiqué de la liste Dynamique d’avenir.

150ANS_AFFICHE-80X120_BAT_largeLa fête des 150 ans du premier train à Landerneau est un événement auquel Dynamique d’Avenir s’associe. Constater qu’après tant d’années, la fréquentation ne cesse de s’accroître est un motif de réjouissance.

A n’en pas douter cet anniversaire est rassembleur et nous saluons les animations organisées pour le fêter. Pour la petite histoire, rappelons que la municipalité de Landerneau avait dû intervenir dès 1856 durant près de vingt ans pour que la ligne passe par la ville. On ne peut s’empêcher de faire le lien avec le projet que la Région a dans ses cartons consistant à shunter Landerneau pour gagner quelques minutes sur Brest.

Cet anniversaire est le moment de faire un point sur les principales améliorations à réaliser.

1 – A quand une gare réellement accessible pour les personnes à mobilité réduite ? Le sous-terrain de la gare est totalement impraticable aux personnes à mobilité réduite. Comment imaginer que la première gare du TER de Bretagne soit à ce point mal lotie. La municipalité et la Région doivent prendre ce sujet à bras le corps et proposer rapidement un projet à la population.

2 – Ne laissons pas disparaître l’axe Landerneau-Quimper. Suite à l’abandon des travaux promis par la région, les conditions de circulation se sont sérieusement dégradées depuis quelques années si bien que le temps du parcours a augmenté de 30%. Si la région ne décidait pas de lancer rapidement la phase de travaux indispensables sur le tronçon central comprenant le doublement de la voie, la pérennité de cette liaison pourrait être compromise. Nous agirons pour que l’anniversaire des 150 ans de cette ligne prévu en 2017, soit l’occasion de fêter la rénovation de ce tronçon et non son abandon.

3 – Il y a une forte demande des usagers pour établir des horaires de fin de soirée permettant de revenir de Brest après un spectacle, une réunion etc….

4 – Des efforts sur les tarifs sont encore à réaliser. Pour les usagers qui ne disposent pas d’un abonnement, le tarif aller et retour pour Brest va de 8,40 à 11,00 euros. Ce niveau de tarif n’est pas incitatif et ne permet pas aux voyageurs occasionnels de prendre plus systématiquement le train. Pourquoi avoir supprimé récemment le carnet de 10 tickets de 3 euros? Cela fait près de 50% d’augmentation !

Pour Dynamique d’Avenir
Christophe Winckler

Pour aller plus loin on peut lire aussi :

Il y a 150 ans, le train arrivait à Landerneau.

01-Couverture

Agriculture: Pourquoi tous les paysans bretons n’iront pas à Paris.

commentaires Commentaires fermés sur Agriculture: Pourquoi tous les paysans bretons n’iront pas à Paris.
Par , 3 septembre 2015 10 h 17 min

En désaccord avec la FNSEA, la Confédération Paysanne mène des actions en province…
conf. paysanne
Les membres de la Confération Paysanne ont distribué du lait ce mardi midi sur la place de la mairie à Rennes.

Les drapeaux bretons devraient être nombreux jeudi dans les rues de la capitale pour le grand rassemblement à l’appel de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes Agriculteurs (JA). Certains paysans de la région manqueront toutefois à l’appel, notamment ceux de la Confédération Paysanne, une organisation classée à gauche qui a été reçue la semaine dernière à l’Elysée. « En désaccord tant sur le fond que sur la forme » avec la FNSEA et les JA, le syndicat veut toutefois faire entendre sa voix en menant des actions dans une vingtaine de départements.

Les agriculteurs bretons font route vers Paris

Ce mardi midi, une vingtaine d’agriculteurs était ainsi rassemblée sur la place de l’Hôtel de ville à Rennes pour une distribution de lait. « Nous n’irons pas à Paris car nous dénonçons le modèle agricole prôné par la FNSEA. Ce système est à bout de souffle et cela depuis près de trente ans. Il ne fait que créer du chômage et de la précarité dans le monde paysan », assure Jean-Sébastien Piel, membre de la Confédération Paysanne en Ille-et-Vilaine.

« On va droit dans le mur avec cette industrialisation de l’agriculture »

Producteur de porcs à Saint-Pern en Ille-et-Vilaine, il entend défendre un autre modèle agricole, « plus raisonné, plus autonome et plus économe ». « Je me bats pour redonner du sens à ce pourquoi on est paysans », assure le producteur, qui vend sa viande porcine à la ferme et dans les circuits de restauration collective entre 9 et 10 euros le kilo. Un prix bien supérieur à celui de 1,40 euro fixé au marché du porc breton à Plérin. « De toute façon, il y a déjà une surproduction de porcs en Bretagne et on demande aux éleveurs de produire encore plus. C’est un système industriel qui ne survit que grâce aux subventions, il faut vraiment en finir avec ça », dénonce-t-il.

« Trois petites fermes valent mieux qu’une grande », poursuit Jean-Sébastien Piel, en référence à la ferme des 1.000 vaches qui fonctionne depuis le mois d’octobre en Picardie. « Il faut que les pouvoirs publics soutiennent notre agriculture familiale qui est capable de nourrir la planète. Sinon, on dira droit dans le mur avec cette industrialisation de l’agriculture et la crise actuelle en est la parfaite illustration », conclut-il.

Jérôme Gicquel

Voir aussi :

Laurent Pinatel : “En France, on mange de la viande qu’on ne produit pas”

conf sur E1

Voir la vidéo.

Jours de Plogoff. Une rencontre avec Nono. Vendredi 2 Octobre à Poullan.

commentaires Commentaires fermés sur Jours de Plogoff. Une rencontre avec Nono. Vendredi 2 Octobre à Poullan.
Par , 1 septembre 2015 20 h 23 min

L’association “Plogoff, mémoire d’une lutte” et la médiathèque de Poullan vous invitent à une rencontre avec Nono le vendredi 2 Octobre 2015 à Poullan (29) : Jours de Plogoff

À la fin des années 1970, la presse bretonne s’enrichit de deux nouvelles publications : Le Canard de Nantes à Brest, un journal hebdomadaire créé en février 1978 par Pierre Duclos, ancien journaliste à Ouest-France, basé à Guingamp et Oxygène le“mensuel écologique breton” créé en février 1979 par la SEPNB (Société Pour la Protection de la Nature en Bretagne, Bretagne Vivante) basé à Brest. Ces deux journaux prendront part à la diffusion de l’information autour du projet de centrale nucléaire qu’EDF envisage de construire en Bretagne (Bzh5).

Parmi lesjournalistes de ces deux titres, le dessinateur Nono donne sa lecture humoristique et pertinente des événements de Plogoff par des chroniques sous forme de bandes dessinées, une pleine page hebdomadaire pour Le Canard de Nantes à Brest et des dessins illustrant certains articles pour Oxygène, avec notamment la chronique en 3 dessins “Vu par Nono”. En 1982, les deux titres disparaissent, hélas, par un manque de lecteurs et de financements. Ces dessins de Nono seront ensuite republiés dans son album “Jours de Bretagne”.

Comment Nono travaillait-il pour couvrir les événements de Plogoff ? Quel a été l’impact de ses dessins sur la lutte ? Quelles étaient ses relations avec les autres journalistes?

Une rencontre avec Nono, accompagnée d’une présentation de ses dessins de cette période.

Jours de Plogoff

Les vétérans de la lutte de Plogoff se souviendront peut-être du dessin illustrant l’affiche annonçant la réunion. En 1981, Giscard est battu, Plogoff a gagné. Nono publie un condensé de ses dessins publiés dans le “Canard de Nantes à Brest” pendant ces trois années 1978-1981 qui ont vu la Bretagne en luttes. Le combat de Plogoff y tient nécessairement une place importante.

jours de Bretagne.01

Si je ne devais en garder qu’un dessin ce serait celui-ci :

jours de Bretagne.02

J’avais beaucoup aimé aussi la dédicace de Nono :

jours de Bretagne.03

Rando Plogoff 2015. En chansons et sous le soleil.

commentaires Commentaires fermés sur Rando Plogoff 2015. En chansons et sous le soleil.
Par , 31 août 2015 12 h 45 min

C’est le soleil souriant des luttes antinucléaires qui nous attendait à Plogoff en ce matin du 30 Août 2015. Cette année la rando était placée sous le thème des chansons de luttes, de Plogoff et d’ailleurs.

02Description du trajet par Jean Moalic, distribution du livret de chansons et première chanson : la carmagnole de Plogoff.

Voir la vidéo : MOV06088

03La valeur n’attend pas le nombre des années…

09Première halte chanson.

1416Préserver un site magnifique. Une des plus belles victoires de Plogoff.

18 Halte repas au port de Feunteun Aod. Les groupes locaux eelv de Landerneau-Daoulas et Abers-Iroise bien représentés.

24Chanter à l’ombre.

27Dernière chanson devant la mairie. Plébiscitée : Allez les gars combien on vous paye. Rendez-vous pris pour 2016.

Combien on vous paye ?

Une chanson écrite dans les années 80 et qui nous rappelle les face à face des messes de cinq heures pendant l’enquête “d’utilité publique” de Plogoff.

Nukleel.13.01a

Oh je voyais déjà devant nous les casqués,
Les fusils lance-grenades, et les grands boucliers,
Tout ça pour nous bloquer quand nous n’avions pour nous
Que nos poings, le bon droit, et puis quelques cailloux.
D’abord on s’avançait en frappant dans les mains,
Y en avait parmi eux, de vrais têtes de gamins,
Les regards s’affrontaient, face à face, de tout près,
Eux devaient la boucler, nous pas et on chantait

Allez les gars, combien on vous paye, combien on vous paye pour faire ça ?
Allez les gars, combien on vous paye, combien on vous paye pour faire ça ?

Combien ça vaut, quel est le prix
De te faire détester ainsi
Par tous ces gens qu’tu connais pas,
Qui sans ça n’auraient rien contr’ toi ?
Tu sais, nous on est pas méchants,
On ne grenade pas les enfants.
On nous attaque, on se défend,
Désolé si c’est toi qui prend.

Allez les gars, combien on vous paye, combien on vous paye pour faire ça ?
Allez les gars, combien on vous paye, combien on vous paye pour faire ça ?

Pense que ceux pour qui tu travailles,
Qu’on voit jamais dans la bataille,
Pendant qu’tu encaisses des cailloux,
Empain, Schneider ramassent les sous.
Avoue franchement qu’c’est quand même pas
La vie qu’t’avais rêvée pour toi :
Cogner des gens pour faire tes heures.
T’aurais mieux fait d’rester chômeur.

Allez les gars, combien on vous paye, combien on vous paye pour faire ça ?
Allez les gars, combien on vous paye, combien on vous paye pour faire ça ?

Je ne me fais guère d’illusions
Sur la portée de cette chanson.
Je sais qu’tu vas pas hésiter
Dans deux minutes à m’castagner.
Je sais qu’tu vas pas hésiter,
T’es bien dressé, baratiné,
Mais au moins j’aurai essayé,
Avant les bosses, de te causer.

Allez les gars, combien on vous paye, combien on vous paye pour faire ça ?
Allez les gars, combien on vous paye, combien on vous paye pour faire ça ?

Une crise des gros élevages : René Louail, éleveur breton, parle.

commentaires Commentaires fermés sur Une crise des gros élevages : René Louail, éleveur breton, parle.
Par , 27 août 2015 8 h 29 min

Paysan costarmoricain récemment à la retraite et dont la ferme à été reprise par un de ses enfants, ancien éleveur de porcs sur paille (320 porcs à l’engrais), de volailles labels et brebis viande, sur une exploitation de 44 hectares dont 70% en herbe, ayant traversé toutes les crises depuis 40 ans, syndicaliste dans les rangs de la Confédération paysanne, élu régional de Bretagne sous la bannière d’Europe écologie les Verts, René Louail souligne, dans l’entretien qu’il a accordé à GLOBALmagazine, la singularité de la crise porcine d’aujourd’hui, incomparable aux précédentes.

rene-louail-conduira-la-liste-eelv_2356722_660x395

“La crise révèle un problème de valeur ajoutée et non pas de restructuration de l’agriculture”

René Louail, paysan breton

GLOBALmagazine : Depuis les années 80, l’élevage porcin est régulièrement en crise. Crises qui, à chaque fois, concentrent la production entre les mains des plus gros éleveurs. En clair, le nombre d’éleveurs de porcs ne cesse de diminuer mais le nombre de porcs produits reste le même, voire augmente. Cette crise va-t-elle aussi concentrer la production comme les précédentes ?

René Louail : Pendant longtemps, dans les années 80-90, les crises étaient cycliques au niveau européen mais assorties d’un phénomène de balancier international : quand on avait des cours élevés en Europe ils étaient faibles aux Etats-Unis et vice-versa. Il y avait différents mécanismes qui permettaient d’amortir une crise conjoncturelle. Ces mécanismes ont progressivement diminué car tout le monde est sur les mêmes marchés : quand le prix du cochon est bas à un bout à l’autre de la planète on a automatiquement des effets néfastes partout.

Depuis les années 2000, et notamment le passage de Mariann Fisher-Boel à la Commission européenne (femme politique danoise, Commissaire européenne à l’agriculture de 2004 à 2009, NDLR), on a en Europe la volonté de détruire les outils de gestion des marchés : on a de moins en moins la possibilité d’intervenir avant et pendant une crise. Avant, on a des outils statistiques pour agir à temps et pendant la crise on peut prendre la décision politique soit de stocker, soit d’exporter, soit de diminuer le cheptel. Aujourd’hui, nous sommes sans outils comme un pompier sans lance à eau devant un incendie.

Gm. : Le porc n’est pas le seul secteur en crise. Il en est de même pour la viande bovine et le lait. C’est toute l’agriculture qui va mal ?

R.L. : Non.Les crises des production animales arrivent à un moment où les céréaliers se portent très bien. Les rendements 2015 sont élevés, notamment sur la partie nord de la France et de l’Europe, et les prix des céréales sont extrêmement corrects. Des rendements élevés et des prix élevés, il faut le dire, or les premiers clients des céréaliers sont les éleveurs. Ces derniers sont dans des systèmes de production de plus en plus granivores : normal pour les animaux granivores comme les volailles et le porc tandis que pour les vaches laitières c’est dicté par la taille et le mode industriels des élevages. En effet, plus les troupeaux sont grands, moins on les met à l’herbe et en plus on cherche la ration alimentaire qui fera produire le maximum de lait, d’ailleurs aux dépens de la durée de vie de l’animal. Avec cette dépendance céréalière, les éleveurs sont de plus en plus vulnérables.

Gm. : Il y a donc des intérêts antagoniques entre éleveurs et céréaliers ?

R.L. : Je n’ai entendu, ni lu, personne rappeler au cours de cette crise que Xavier Beulin, président de la FNSEA, avait promis la création d’un fond de solidarité entre les éleveurs et les céréaliers. Cette promesse était son premier grand geste de président de la FNSEA. Lui, grand céréalier, aux manettes d’outils importants au niveau céréalier, parlait de développer une plus grande solidarité entre céréaliers et éleveurs… Il l’avait même annoncé à François Hollande, lors d’un entretien à l’Elysée en 2012. On annonçait un fonds de 100 millions d’euros… Depuis, plus rien, il ne l’a jamais mis en place. Et depuis le début de cette crise, je n’ai pas entendu Xavier Beulin en parler. Et pas un média lui rappelle sa promesse.

Gm. : En quoi cette crise porcine est-elle différente des précédentes ?

R.L. : Nous sommes aujourd’hui exposés à une crise plus violente que par le passé car pendant très longtemps les plus gros éleveurs laissaient mourir les petits éleveurs, ce qui permettait d’amortir la crise. Les petits servaient de variable d’ajustement. Aujourd’hui, c’est plutôt l’inverse qui se passe. Les petits qui ont survécu – qui sont plutôt des moyens – ont résisté en mettant en place des systèmes de production avec un lien plus fort entre le nombre d’animaux élevés et la surface agricole de la ferme, ce qui par ailleurs est une preuve de civisme. Ces éleveurs tiennent mieux le coup dans cette crise que les gros éleveurs qui ont investi énormément, qui ont bouffé la ferme du voisin, qui ont acheté du foncier à prix élevé et le gros matériel qui va avec de telles tailles d’exploitation. C’est donc une crise qui touche plutôt les gros, modernisés et endettés. C’est un vrai changement de nature de la crise. A partir de ce constat, je ne demande pas à ce que la collectivité vienne en aide à des gens qui ont bouffé leurs voisins.

Gm. : On parle beaucoup du poids du marché au cadran de Plérin sur le prix du porc…

R.L. : Certes, le « marché au cadran » est un yoyo mais qui ne concerne que 12% de la production régionale et qui néanmoins sert de prix indicateur à tout le reste, mais avec cette taille là ce n’est pas un marché ! Le plus important est de décrypter ceux qui s’y affrontent. D’un côté, il y a Leclerc et Intermarché qui valorisent ce qu’ils achètent « au cadran » sur le marché intérieur et qui le vendent très bien, ce qui leur permet d’acheter plus cher ; de l’autre côté, il y a la Cooperl qui est allé jouer les gros muscles en Corée, en Chine et partout… Il y a 30% de la production qui part à l’export… aujourd’hui la Cooperl et ses semblables s’y confrontent aux Allemands, aux Danois et, comme ils perdent, ils demandent une harmonisation des règles pour être compétitifs. Nos coopératives ont fait pire que les entreprises privées. Les entreprises en vrais gestionnaires ont valorisé sur le marché intérieur, les coopératives ont joué au concours du plus gros à l’international et elles ont perdu.

Gm. : Même si l’on envisage l’export comme un moyen d’ajustement du marché intérieur, les échanges internationaux existent et sont inévitables, non ?

R.L. : Nous sommes dans une situation géopolitique extrêmement fragile, c’est aussi un point qui participe du changement de nature de la crise actuelle. L’embargo avec la Russie, les dévaluations successives de la monnaie chinoise soulignent que l’Union européenne n’est pas capable d’affronter la compétition infernale internationale, car la Chine peut et va s’approvisionner dans d’autres espaces, comme le Brésil. Face à des pays qui dévaluent, nous sommes incapables de vendre nos côtelettes et nos litres de lait.

Gm. : On a l’impression que le gouvernement de François Hollande n’a pas vu venir la crise agricole, pourtant, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, a été député européen, en charge pour le parti socialiste de la Politique agricole commune. Il est donc au fait des dossiers agricoles. Qu’en pensez-vous ?

R.L. : La myopie politique du gouvernement est le quatrième aspect singulier de cette crise. Paradoxe pour un connaisseur des questions agricoles, Stéphane Le Foll n’a rien vu venir et le syndicalisme majoritaire en profite. Depuis 2012, pour avoir la paix sociale dans les campagnes, le ministre de l’agriculture cède sur tous les dossiers à problème. Au lieu de répondre par des réponses politiques aux crises d’aujourd’hui, le ministre donne des moyens pour restructurer l’agriculture. La plus grande partie des aides octroyées depuis deux ans sont des aides à l’investissement, sans visibilité : aide à la méthanisation, aide pour le fameux PMBE – le plan de modernisation des bâtiments d’élevage. Les agriculteurs ont investi, résultat, du lait plein les tuyaux, des cochons pleins les camions ! En résumé, le ministre a fait le contraire de ce qu’il fallait faire. Il n’a pas vu que la crise avait changé de nature ; que les réponses apportées sont de court terme. Ce n’est pas un problème de restructuration de l’agriculture mais un problème de valeur ajoutée. Les paysans capables d’aller sur des systèmes économes, peu fragiles, moins endettés vont sur le marché intérieur ; ceux qui vont faire des concours de caïds sur le marché international demandent et continueront de demander aux pouvoirs publics des moyens nouveaux pour équilibrer leurs fins de mois.

Derrière cette crise se dessine aussi une inflexion politique de taille : on est en train de mettre les pouvoirs public en condition de négocier la prochaine Politique agricole commune, en 2021, dans le sens d’une plus grande libéralisation, en accord avec le traité transatlantique en négociation. Ce projet se résume à placer l’agriculture sous un système assuranciel : des assurances privées assurent les revenus des agriculteurs mais ces derniers ont des subventions publiques pour payer les primes d’assurance, ce qui leur permet d’affronter le marché mondial. Dans ce système, déjà en place aux Etats unis, les petits paysans sont exclus.

Gm. : A vos yeux, quelles sont les solutions pour résoudre cette crise générale de l’élevage ?

R.L. : La charge principale d’un élevage, c’est l’alimentation. Elle pèse en moyenne 60% du prix de revient. Pour sortir les productions animales de ce système destructeur, il faut, premièrement, mettre au point une indexation du prix des productions animales sur le prix des céréales. Deuxièmement, il faut remettre en place un outil européen de protection douanière. Quand on a trop de production, on n’est pas obligé d’en importer ! Il faut que l’on protège notre agriculture et avec elle la liberté de nos modes alimentaires. Troisièmement, il faut que les aides européennes et nationales à la production agricole soient re-calibrées pour s’orienter vers une agriculture qui réponde aux enjeux sociaux et sociétaux comme la qualité gustative de la nourriture, le climat , la protection de la biodiversité et la juste rétribution des paysans. Les aides que l’on donne aujourd’hui aux grandes exploitations pour qu’elles deviennent encore plus grosses et qui participent à vider les campagnes, ce sont, je pèse mes mots, des aides toxiques. Je considère que s’il y a des économies d’échelle, je ne vois pas pourquoi on donne des aides aux plus gros, aux plus puissants. Il faut plafonner les aides publiques. Comme on donne des aides aux 50 premiers hectares, on pourrait limiter les aides aux 200 000 premiers litres de lait, aux 1000 premiers cochons en temps de crise etc… On soutiendrait ainsi le développement d’une agriculture diversifiée sur tout le territoire. Au-delà, ceux qui veulent jouer aux gros bras et au système libéral, qu’ils le fassent avec leur argent mais pas avec les deniers publics. Avec un peu de volonté politique, cela peut se mettre en place d’ici 2021 et façonner la prochaine PAC. Si on veut traiter l’agriculture comme n’importe quel autre secteur industriel, on va vider les campagnes et on passera notre temps à distribuer de l’argent pour corriger les erreurs.

Gm. : Cette question est pour le conseiller régional que vous êtes : voyez-vous un lien entre l’orchestration syndicale de la crise et les prochaines élections régionales ? En clair, la crise de l’élevage est–elle à un degré ou un autre instrumentalisée par l’opposition au gouvernement ?

R.L. : C’est évident, la crise est instrumentalisé par un lobby qui veut passer de la simplification à la dérégulation. A un croire Xavier Beulin, l’agriculture française va mal à cause des normes, à cause l’application sérieuse, contrôlée, des normes environnementales européennes et du carcan administratif français, entendez les charges sociales. Il y a quelques jours, se servant de la crise actuelle pour entrer en campagne, Nicolas Sarkosy s’est fait l’écho du président de la FNSEA en déclarant « Il faut réinventer notre système, sur la base d’une baisse massive des charges et d’un reflux des normes, qu’elles soient européennes et françaises ». Cela veut dire que l’on va tirer la qualité de la production vers le bas, vers la malbouffe pour nourrir les pauvres, parce qu’il y a de plus en plus de pauvres. Alors que dans une démocratie comme le nôtre on devrait s’arrêter en premier lieu aux inégalités sociales et tirer tout vers le haut. On ne peut pas réduire l’agriculture a sa fonction de production. Elle a aussi une fonction d’aménagement du territoire, de préservation de la qualité de l’eau, de la biodiversité. La déclaration de Nicolas Sarkozy, avec les mêmes slogans que Xavier Beulin n’est pas un hasard. Stéphane Le Foll, François Hollande et Manuel Valls ont déjà dérégulé, la Droite aspire à faire le reste du chemin en profitant des élections régionales pour continuer à casser la ferme, d’autant qu’il y a une partie du budget agricole (le deuxième pilier de la PAC ) qui est géré par les Régions.

Gm. : Ce constat n’éclaire-t-il pas le peu de prise qu’on les régions sur leur réalité territoriale ?

R.L. : Les Régions ont une marge de manoeuvre limitée, mais elles l’ont. Même si il faut suivre l’esprit de la PAC, personne n’oblige à Bruxelles de faire en région des Plans de modernisation des bâtiments d’élevage, ça c’est purement français… Les régions, majoritairement à gauche, ont suivi la politique nationale imposée par Valls, Hollande et Le Foll. Au lieu de s’émanciper en disant « voilà ce que l’on veut faire », les régions ont accompagné la direction nationale dans la gestion de 2/3 des financements publics de l’agriculture. Le gouvernement s’est plié aux volontés de la FNSEA sous menaces de désordre dans les campagnes…il a donné et a eu aussi le désordre.

Gm. : Oui, côté désordre, ça se pose là …

R.L. : On a affaire à une politique d’ayatollah du genre « si vous ne faites pas ce que je veux, vous avez le pétard sur la tempe ». L’an dernier, les légumiers de la FNSEA ont incendié le bâtiment de la Mutualité sociale agricole et le centre des impôts de Morlaix. Aucune interpellation. Idem pour les destructions de portiques de l’écotaxes. A contrario, on poursuit les syndicalistes non-violents de la Confédération paysanne pour leur opposition à la ferme des 1000 vaches. Comme la pression violente semble marcher, les syndicalistes FNSEA se disent qu’ils peuvent encore aller plus loin et les voilà ces derniers jours à déverser des remorques de fumier un peu partout. Il y en a partout, c’est vraiment la honte. Les grosses fermes sont venus vider leurs poubelles sur les rond-point. C’est un mépris scandaleux pour les citoyens et l’argent des contribuables. Quand on reçoit 9,2 milliards de la PAC auxquels s’ajoutent 4,6 milliards du ministère de l’agriculture et l’argent des collectivités territoriales, soit en gros 150 euros par Français, on ne se comporte pas ainsi. Une famille de 4 personnes, qui donne donc 600 euros par an reçoit en remerciement… du fumier plein la figure. Ce n’est plus de l’incivilité, c’est une insulte. Cette situation pose sur la place publique la question de la légitimité des aides à l’agriculture. Des aides, je le répète, toxiques.

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

99% des porcs dans 50% des fermes

Pas toujours simple d’avoir des statistiques agricoles conçues pour une lecture grand public. En 2010, la France métropolitaine comptait 22 300 exploitations qui élevaient des porcs, contre 59 500 en 2000. Soit une perte de 62,5 % des exploitations sur tout le pays (on monte à 2/3 de disparition en Bretagne). Comparativement, la production de porc est passée de 14 869 000 en 2000 à 13 800 000 en 2012 soit une diminution de 6,8%, ce qui montre bien la ruine des petits éleveurs au profit des gros. Toujours selon le ministère, 99 % de la production était réalisée par 11 500 élevages qui détenaient plus de 100 porcs ou 20 truies. Sur cette période 2000-2010, la taille moyenne des ateliers porcins a été multipliée par 2,5 sur la période pour atteindre 620 porcs.

Les dernières estimations (2013) du ministère de l’Agriculture donnent 19 688 exploitations porcines en 2013 et 13 322 897 porcs en 2014. On reste dans la même dynamique de concentration de la production.G.L.

Repris de Global Magazine

Laissons les fossiles dans le sol pour en finir avec les crimes climatiques.

commentaires Commentaires fermés sur Laissons les fossiles dans le sol pour en finir avec les crimes climatiques.
Par , 26 août 2015 13 h 49 min

appel climat

Nous sommes à la croisée des chemins. Nous ne voulons pas nous retrouver contraint.e.s à survivre dans un monde devenu à peine vivable. Des îles du Pacifique Sud à la Louisiane, des Maldives au Sahel, du Groenland aux Alpes, la vie quotidienne de millions d’entre nous est déjà perturbée par les conséquences du changement climatique. Par l’acidification des océans, par la submersion des îles du Pacifique Sud, par le déracinement de réfugiés climatiques en Afrique et dans le sous-continent indien, par la recrudescence des tempêtes et ouragans, l’écocide en cours violente l’ensemble des êtres vivants, des écosystèmes et des sociétés, menaçant les droits des générations futures. Ces violences climatiques nous frappent inégalement : les communautés paysannes et indigènes, les pauvres du Sud comme du Nord sont les plus affectés par les conséquences du dérèglement climatique.

Nous ne nous faisons pas d’illusions. Depuis plus de vingt ans, les gouvernements négocient mais les émissions de gaz à effet de serre n’ont pas baissé et le climat poursuit sa dérive. Alors que les constats de la communauté scientifique se font plus alarmants, les forces de blocage et de paralysie l’emportent.

Ce n’est pas une surprise. Des décennies de libéralisation commerciale et financière ont affaibli la capacité des Etats à faire face à la crise climatique. Partout, des forces puissantes — entreprises du secteur fossile, multinationales de l’agro-business, institutions financières, économistes dogmatiques, climatosceptiques et climatonégationnistes, décideurs politiques prisonniers de ces lobbies — font barrage et promeuvent de fausses solutions. 90 entreprises sont à l’origine des deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. De véritables réponses au changement climatique nuiraient à leurs intérêts et à leur pouvoir, remettraient en cause l’idéologie du libre-échange, et menaceraient les structures et les subventions qui les soutiennent.

Nous savons que les multinationales et les gouvernements n’abandonneront pas aisément les profits qu’ils tirent de l’extraction des réserves de charbon, de gaz et de pétrole ou de l’agriculture industrielle globalisée gourmande en énergie fossile. Pour continuer à agir, penser, aimer, prendre soin, créer, produire, contempler, lutter, nous devons donc les y contraindre. Pour nous épanouir en tant que sociétés, individus et citoyen.ne.s nous devons tout.e.s agir pour tout changer. Notre humanité commune et la Terre le demandent.

Nous gardons confiance en notre capacité à stopper les crimes climatiques.
Par le passé, des femmes et des hommes déterminé.e.s ont mis fin aux crimes de l’esclavage, du totalitarisme, du colonialisme ou de l’apartheid. Elles et ils ont fait le choix de combattre pour la justice et l’égalité et savaient que personne ne se battrait à leur place. Le changement climatique est un enjeu comparable et nous préparons une insurrection similaire.

Nous travaillons à tout changer. Nous pouvons ouvrir les chemins vers un futur vivable. Notre pouvoir d’agir est souvent plus important que nous ne l’imaginons.. A travers le monde, nous luttons contre les véritables moteurs de la crise climatique, défendons les territoires, réduisons les émissions, organisons la résilience, développons l’autonomie alimentaire par l’agro-écologie paysanne, etc.

A l’approche de la conférence de l’ONU sur le climat à Paris-Le Bourget, nous affirmons notre détermination à laisser les énergies fossiles dans le sol. C’est la seule issue.

Concrètement, les gouvernements doivent mettre un terme aux subventions qu’ils versent à l’industrie fossile, et geler leur extraction en renonçant à exploiter 80% de toutes les réserves de carburant fossile.

Nous savons que cela implique un changement historique majeur. Nous n’attendrons pas que les Etats agissent. L’esclavage et l’apartheid n’ont pas disparu parce que des Etats ont décidé de les abolir, mais par des mobilisations massives qui ne leur ont pas laissé le choix.

L’issue est incertaine. Nous avons toutefois une occasion unique de renouveler la démocratie, de démanteler le pouvoir hégémonique des multinationales et de transformer radicalement nos modes de production et de consommation. Tourner la page des fossiles est une étape décisive vers la société juste et soutenable dont nous avons besoin.

Nous ne gâcherons pas cette chance, à Paris comme ailleurs, aujourd’hui comme demain.

POUR SIGNER L’APPEL

CET APPEL est soutenu par :

Agnès Sinaï (Institut Momentum), Alberto Acosta (économiste), Alex Randall (Climate Outreach), Amy Dahan (Historienne des Sciences), Bernard Guri (Centre for Indigenous Knowledge & Organisational Development), Bill McKibben (fondateur de 350.org), Boaventura de Sousa Santos (sociologue), Catherine Larrère (philosophe), Christophe Bonneuil (historien), Cindy Wiesner (Coordinator of Grassroots, Global Justice Alliance, USA), Claire Nouvian (Bloom), Claude Lorius (glaciologue), Clive Hamilton (philosophe), David Graeber (anthropologue), Desmond Tutu (archevêque émérite), Dominique Bourg (philosophe), Dominique Méda (sociologue), Edgardo Lander (sociologue), Eduardo Viveiros de Castro (anthropologue), Emilie Hache (philosophe), Erri de Luca (écrivain), Esperanza Martinez (ancienne ministre de la Santé publique du Paraguay), Esther Vivas (chercheure et militante altermondialiste), François Gemenne (politiste), Frank Murazumi (Amis de la Terre Ouganda), Gaël Giraud (économiste), Geneviève Azam (économiste), George Monbiot (journaliste), Gerry Arrances (militant anti-charbon), Gilles Boeuf (président du MNHN), Gilles Clément (paysagiste), Gilles-Éric Séralini Godwin Ojo (Amis de la Terre, Nigeria), Gus Massiah (Cedetim), Guy Aurenche (président du CCFD), Isabelle Frémeaux (Laboratoire des Imaginaires Insurrectionnels), Isabelle Stengers (philosophe), Jacques Testart (biologiste), Jean-Baptiste Fressoz (historien), Jean-Pierre Dupuy (philosophe), Jean Gadrey (économiste), Jean Merckaert (Revue Projet), Jeanne Planche (Attac France), John Holloway (sociologue et philosophe), Joan Martinez Alier (économiste), John Jordan (Laboratoire des Imaginaires Insurrectionnels), Jon Palais (Bizi !), Kaddour Hadadi (musicien et chanteur, HK et les Saltimbanks), Kevin Smith (Liberate Tate), Kumi Naidoo (Greenpeace International), Larry Lohmann (The Corner House), Lech Kowalski (réalisateur), Leonardo Boff (théologien), Lidy Nacpil (Jubilee South), Mamadou Goïta (Institut de recherche et de promotion des alternatives au développement, Mali), Louise Hazan (350.org), Marc Dufumier (agronome), Marc Luyckx Ghisi (écrivain), Marc Robert (chimiste), Marie-Monique Robin (journaliste), Maude Barlow (Food & Water Watch), Maxime Combes (économiste, membre d’Attac), Naomi Klein (essayiste), Michael Hardt (philosophe), Michael Löwy (sociologue), Mike Davis (historien et sociologue), Noam Chomsky (linguiste et philosophe), Nick Hildyard (The Corner House), Nicolas Haeringer (350.org), Nnimmo Bassey (Oil Watch International), Noble Wadzah (Oil Watch Afrique), Olivier Bétourné (éditeur), Olivier de Schutter (juriste), Pablo Servigne (collapsologue), Pablo Solon (ancien ambassadeur de la Bolivie), Pat Mooney (ETC Group), Patrick Chamoiseau (écrivain), Patrick Viveret (philosophe), Paul Lannoye (ancien député européen), Philippe Bihouix (ingénieur), Philippe Desbrosses (Intelligence Verte), Philippe Descola (anthropologue), Pierre Rabhi (agronome et penseur de l’écologie), Pierre-Henri Gouyon (écologue), Priscilla Achakpa (Water Supply and Sanitation Collaborative Council, Nigéria), Razmig Keucheyan (sociologue), Rebecca Foon (musicienne), Roger Cox (avocat), Saskia Sassen (sociologue), Serge Latouche (économiste), Soumya Dutta (Alliance nationale des mouvements anti-nucléaires, Inde), Stefan C. Aykut (politiste), Susan George (économiste), Swoon (artiste), Thomas Coutrot (économiste, porte-parole d’Attac), Tom Kucharz (Ecologistas en Accion, Espagne), Tony Clarke (International Forum on Globalization), Txetx Etcheverry (Alternatiba), Valérie Cabannes (End Ecocide), Valérie Masson-Delmotte (climatologue), Vandana Shiva (physcienne et écologiste), Vincent Devictor (écologue), Vivienne Westwood (styliste), Yeb Saño (ancien ambassadeur des Philippines pour le climat), Yvonne Yanez (Oil Watch).

Panorama Theme by Themocracy