Lignes TGV. La gare de Landerneau hors-circuit ?

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Par , 5 décembre 2014 10 h 04 min

Noeud finistérien majeur, premier arrêt TER de Bretagne, la gare pourrait-elle tomber de haut dans les prochaines années ? Un scénario redouté par les militants locaux d’Europe Écologie les Verts, à la lecture des projets. (Le Télégramme)

Christophe Winckler et Dominique Micolod, militants d’Europe Écologie-les Verts du pays de Landerneau-Daoulas, voient d’un très mauvais oeil les projets de modernisation des lignes à grande vitesse bretonnes qui se dessinent. « La consultation publique en cours sur l’avenir du TGV a amené Réseau ferré de France (RFF) à proposer trois scénarios concernant les lignes bretonnes, avec pour corollaire de relier Brest et Quimper à Paris en moins de trois heures », à l’horizon 2030. Outre le désaccord fondamental d’EELV à un programme « napoléonien qui veut tout ramener à Paris, au détriment du développement du transport de proximité et interrégional », les deux hommes s’érigent contre l’option de « shunter Landerneau ».

Nouvelle voie au nord

Pour tenir l’objectif des trois heures, le TGV ne devra pas s’arrêter dans plus de deux gares entre Rennes et Brest. Morlaix et Saint-Brieuc tiennent la corde. Mais le plus grave, aux yeux des militants, c’est que le TGV pourrait tout simplement ne plus passer à Landerneau. « L’un des trois scénarios (le bleu) suggère, pour gagner seulement cinq minutes, de créer une nouvelle ligne entre Morlaix et LanderneauNord. Où est cette gare ? »

Nouvelle voie à l’ouest

L’interrogation devient inquiétude quand, au même moment, le réseau Investir en Finistère ressort un document de travail qui préconise de passer le trafic TGV par le nord de Landerneau. Cette même association de chefs d’entreprises qui soutient l’idée de créer une sorte de ligne RER entre Brest et Quimper, via la construction d’un nouveau pont sur l’Élorn (estimé tout de même à 1,2 M€) pour rapprocher les deux plus importantes villes du département à 20 minutes l’une de l’autre. Ce, en s’appuyant sur une nouvelle gare TGV sur le site de l’aéroport. Voilà qui contournerait Landerneau par l’ouest.

Patrick Leclerc : « Pas lieu de s’inquiéter »

Où est le problème si une vingtaine de TER quotidiens continue de relier la cité de la Lune à Brest en seulement onze minutes, puis Paris, un jour, en trois heures ? Pour Christophe Winckler, la fin du TGV porterait un rude coup à l’attractivité du TER et, par ricochet, à la dynamique démographique et économique du territoire. Les deux militants aimeraient que les élus du territoire de Landerneau-Daoulas se prononcent sur le dossier LNOBPL (*). Précisément, Patrick Leclerc assure qu’il n’y a « pas lieu de s’inquiéter ». Le maire de Landerneau prête un crédit limité au document d’Investir en Finistère. Concernant les pistes de RFF, l’élu du pays de Brest a une lecture plus rassurante : « La gare de Landerneau reste dans les projets. Il est vrai que moins de TGV s’arrêteront, mais cela n’entravera pas l’activité du TER ». Discuté ce soir, en conseil municipal, à la faveur d’une motion déposée par Frédéric Le Saout (Dynamique d’Avenir), le sujet pourrait revenir sur la table du conseil communautaire, « sous la forme d’une contributon », la semaine prochaine. * Liaison nouvelle Ouest Bretagne -Pays de la Loire

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La motion déposée au conseil municipal par Frédéric Le Saout pour Dynamique d’Avenir :

Motion proposée au Conseil municipal du 05/12/2014

Les Élus de Landerneau disent non au projet de shunt de la gare de Landerneau.

Réseau Ferré de France propose jusqu’au 3 janvier 2015 un débat public portant sur les nouvelles liaisons ferroviaires pour la Bretagne et les Pays de la Loire (LNOBPL). Pour alimenter le débat, RFF propose trois scénarios ainsi que des ajouts possibles.

Un des ajouts possibles est la création d’un nouveau tronçon à l’ouest de Morlaix. Ce tronçon partirait de Morlaix pour rejoindre Brest. Pour les brestois, le gain de temps serait de 5 minutes pour un coût d’investissement de plus de 500 millions d’euros.
Par délibération du 21 novembre 2014, BMO a opté pour la réalisation de cette option en couplant sa réalisation avec un trajet Brest-Rennes ne comportant que deux arrêts intermédiaires (Saint-Brieuc et Morlaix).

Le conseil municipal de Landerneau constate que la réalisation de ce tronçon aurait pour conséquence directe de shunter la gare de Landerneau. Cela serait tout à fait contraire aux intérêts de ses habitants et ceux des communes voisines. En effet, shunter la gare de Landerneau contraindra nos concitoyens à réaliser un détour par Brest. Ce serait donc, pour les landernéens, une augmentation du temps du trajet ainsi qu’une augmentation du tarif du billet.

Pour ces raisons, le conseil municipal de Landerneau s’oppose fermement à la mise en œuvre d’un tel scénario.

Favorable au développement du réseau ferré, il soutient les projets visant à un meilleur maillage de proximité, et demande en particulier la poursuite des travaux de rénovation de la ligne Brest-Quimper et sa mise à 2 voies pour une partie de son trajet, ce qui permettrait de doubler les cadences.

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Texte adopté à l’unanimité, Le télégramme du 8.02.2014 :


“Le conseil municipal s’oppose à un scénario de tracé shuntant la gare de Landerneau et réaffirme se volonté de conserver les arrêts de TGV actuels.”

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La suite du débat
Landerneau. «Les trains passeront toujours par la gare»

Le Télégramme

Depuis quelques jours, la polémique concernant le shuntage, ou pas, de la gare de Landerneau, à l’horizon 2030, enfle. Réseau ferré de France, entreprise propriétaire, répond clairement : « Les trains passeront toujours par Landerneau ».

« Comment peut-on faire pour que le temps de trajet en train soit plus court sur un secteur, sur certaines liaisons ? Comment améliorer la fréquence ou le nombre de trains par heure et par sens, au départ de grandes villes, comme Rennes ou Nantes ? ». Telles sont les problématiques ? soumises au débat public jusqu’au 3 janvier ?, auxquelles veut répondre le projet, intitulé « Liaisons nouvelles Ouest Bretagne-Pays de la Loire », rappelle Marie-Paule Hennuyer, chargée de concertation pour Réseau ferré de France (RFF). La page 115 du rapport du maître d’ouvrage serait le point de départ de cette polémique.

« Trois scénarios ? mauve, bleu et vert ? y sont proposés comme base de réflexion et d’expression. Mais rien n’est arrêté ». Un mix serait encore envisageable. « Au-delà de ces trois scénarios, nous avons regardé des ajouts possibles, des compléments pour créer des sections de lignes nouvelles, à l’ouest de Morlaix et de Lorient. Nous l’avons schématisé. Si l’on s’arrête aux aspects schématiques, inscrits page 115 du rapport du maître d’ouvrage (*), on ne va pas à Landerneau. Or, à côté, nous avons une présentation plus précise. Nous avons regardé une possible insertion depuis Morlaix jusqu’à Brest, et avant Landerneau. On passerait alors au nord de la ligne existante ou au sud. Mais on se raccorderait toujours à Landerneau ».


« La polémique n’est pas logique… »

Marie-Paule Hennuyer insiste : « Jamais on ne shuntera la gare de Landerneau puisqu’on s’y rebranche systématiquement à l’est. Nous n’avons pas fait figurer la ville de Landerneau car elle se situe à l’intersection de la ligne Brest-Morlaix et de la ligne qui vient du sud, Landerneau-Quimper. Maintenant, je ne peux pas dire que, dans ce projet de l’horizon 2030, tous les trains s’y arrêteront ». Il s’agit là d’une question politique de desserte sur laquelle Réseau ferré de France n’a pas la main. « Mais l’hypothèse est que l’on continue à desservir toutes les lignes TGV existantes ». En conclusion de ce point qui a fait débat en conseil municipal, vendredi, et qui est, également, inscrit à l’ordre du jour du conseil communautaire, demain soir, Réseau Ferré de France appuie : « La polémique qui s’est fait jour n’est pas logique au vu de l’insertion territoriale que l’on montre. Elle n’est possible que si l’on se réfère à la vision schématique du projet du maître d’ouvrage. Les trains passeront toujours par Landerneau ».

(*) Le projet Liaisons nouvelles Ouest Bretagne-Pays de la Loire est consultable sur Internet

Notre remarque : Passer au Nord ou au Sud ? On attend des précisions mais la question est : la gare actuelle de Landerneau sera-t-elle shuntée ou va-t-on nous proposer une nouvelle gare “Landerneau-Nord” ou “Landerneau-Sud” ou encore “Landerneau-Est !

Il y a un moyen d’arrêter la “polémique” : nous présenter les tracés exacts de toutes ces “hypothèses” pour qu’on puisse en débattre en amont et non pas ensuite quand tout aura été bouclé entre une poignée de “décideurs”.

Un aveu : “Maintenant, je ne peux pas dire que, dans ce projet de l’horizon 2030, tous les trains s’y arrêteront”
. Autant dire que pour rapprocher Brest de Paris il suffira de ne pas s’arrêter à Landerneau.

Que dit en réalité le dossier de RFF ?

Il parle surtout (page 115) des difficultés que présente une éventuelle variante entre Morlaix et Brest. La gare de Landerneau n’y est pas explicitement mentionnée.

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Voir aussi :

LGV Ouest. Pour un maillage ferroviaire équilibré de tous les territoires bretons.

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Ailleurs aussi on mobilise contre le “shunt” des gares de ville.

Ici à Montpellier.

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LGV Ouest. Pour un maillage ferroviaire équilibré de tous les territoires bretons.

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Par , 30 novembre 2014 12 h 40 min

Le projet LNOBPL (Liaisons Nouvelles Ouest Bretagne – Pays de la Loire) ne répond que très partiellement aux défis de la mobilité en Bretagne.

Son coût est disproportionné par rapport aux gains attendus et il risque d’accentuer les inégalités territoriales plutôt que de les réduire.

Les élu-e-s EELLV proposent plutôt par la création d’un maillage ferroviaire équilibré, améliorant l’accessibilité de tous les territoires en termes de temps de parcours et de fréquence.

Voir le cahier d’acteurs.

Grande cause nationale 2015 en Bretagne. L’abandon du projet de centrale électrique à gaz de Landivisiau.

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Par , 29 novembre 2014 22 h 27 min

“Pour soutenir les initiatives de la société, pour mobiliser tous les acteurs publics, nous avons décidé que la lutte contre le dérèglement climatique serait déclarée grande cause nationale de l’année 2015”, a dit le Premier ministre lors de son discours de clôture de la conférence environnementale.

Une bonne nouvelle pour les habitants de Landivisiau qui luttent contre la construction d’une centrale à gaz à leur porte ?

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Manifestation à Landivisiau. Particules fines avec Direct Energie : votre cancer vous dit merci !

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Voilà un projet de centrale, émettrice de gaz à effet de serre responsable du dérèglement climatique et de particules fines dont les effets négatifs sur la santé sont connus.

Voila un gouvernement qui annonce “soutenir les initiatives de la société” et “mobiliser tous les acteurs publics” contre le dérèglement climatique. Qui prend conscience des risques pour la santé que font courir les particules fines et qui engage la sortie du diesel.

Comment ce gouvernement pourrait-il imposer une centrale polluante à Landivisiau contre la volonté de la population de la ville ?

La Bretagne pourrait-elle être exclue de cette “grande cause nationale” ?

Personne ne peut le croire.

Alors en Bretagne, “la Grande Cause Nationale 2015”, c’est l’abandon du projet de centrale électrique à gaz de Landivisiau.

Voir aussi :

Pollution de l’air par les particules fines à Landivisiau.

Eau du Ponant. Les factures salées de la Société “Publique” Locale brestoise.

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Par , 21 novembre 2014 22 h 08 min

Les quatre structures fondatrices ont considéré que la création de la société devait leur permettre de retrouver la maîtrise du service public de l’eau et de l’assainissement, auparavant délégué, dans un cadre territorial cohérent et générateur d’économies d’échelle. Mais pour l’usager, le changement d’opérateur ne s’est pas traduit par une réduction du prix de l’eau.

Cette phrase est extraite du résumé du “Rapport d’observations définitives de la chambre régionale des comptes de Bretagne” concernant les exercices 2011 et suivants de la Société publique locale Eau du Ponant.

Voir le rapport

A Brest, SPL = Eau chère

La baisse des tarifs était l’un des arguments majeurs pour la création de la SPL. . L’estimation par les services de BMO du bilan de gestion du service de l’eau publique et de l’assainissement sur le territoire de BMO avait fait apparaître que la société privée Veolia aurait gagné 55millions d’euros en 25 ans de délégation.(voir) . L’économie de ces 2 millions de bénéfice annuels de l”entreprise privée devait logiquement permettre la baisse annoncée des tarifs.

Dans le journal des élus communistes de Brest de janvier/février 2011, Maxime Paul le “pilote” du passage en SPL l’affirmait : “La gestion publique de l’eau doit permettre une baisse du prix dès 2012”. Et pour que cela soit bien clair il ajoutait que “Les élus communistes prennent aujourd’hui l’engagement de se battre pour une baisse du prix de l’eau pour les ménages.” (souligné dans le texte).

Pourtant, sans attendre le rapport de la chambre régionale des comptes une étude de 2013 de la Confédération générale du logement (CGL), association de consommateurs, constatait, ce qui est classique, que la Bretagne reste l’une des régions où l’eau coûte le plus cher. Surtout, elle ajoutait que “Brest serait même la ville de 100.000 habitants qui afficherait les prix les plus élevés au robinet. (Pour l’année 2014, le prix du m3 d’eau facturé aux abonnés est de 4,34 euros TTC (prix moyen du m3 pour une consommation annuelle de 120 m3)

voir

Il faut dire que l’une des premières opérations de la SPL a été la construction d’un immeuble dont le prix de 6,5M€ devait naturellement se retrouver sur les factures.

La Chambre régionale des comptes faisait d’ailleurs remarquer que “l’acquisition du siège social a été réalisée dans le cadre d’une vente en l’état futur d’achèvement (VEFA), pour un montant total de 6 471 590 € HT dont 300 000 € de frais d’équipement, sans mise en compétition formalisée par des mesures de publicité. Or, il s’agit d’un contrat onéreux au sens de l’ordonnance du 6 juin 2005. Par voie de conséquence, son attribution aurait dû respecter les procédures prévues par ladite ordonnance.”

Mise en compétition ? Mais c’est justement pour éviter la publicité sur leurs choix que les élu(e)s socialistes et UMP ont concocté de concert cette création des SPL (voir).

Une SPL à la mode Veolia.

” Qu’on se le dise, la gestion de l’eau à Brest restera globalement privée et cela nous convient. C’est d’ailleurs pour cela que nous voterons (cette délibération) “, déclarait Laurent Prunier, alors président sarkozyste de l’UMP du Finistère et tête de file de la droite à Brest BMO au moment du vote du conseil municipal en faveur de la SPL. Il est vrai que cette “société commerciale” à capitaux publics fonctionne comme ses sœurs à capitaux privés.

Les élus qui siègent à son conseil d’administration n’y sont plus au titre de leur mandat électif mais comme administrateurs percevant des jetons de présence de 300 € par séance. En 2013, ces dépenses ont représenté 14 400 €.

Ils pouvaient refuser cette rémunération et considérer que leur présence entrait simplement dans le cadre de leur fonction d’élus. L’accepter c’est reconnaître leur nouveau statut : celui d’administrateur d’une société commerciale fonctionnant suivant les mêmes règles que toutes celles, du secteur privé appartenant au même secteur économique.

D’ailleurs, la SPL Eau du Ponant ayant sous-traité la fourniture d’eau et l’assainissement à Veolia, l’ancien délégataire, elle a aligné son fonctionnement sur celui de l’entreprise privée, ce que relève la Chambre régionale des comptes.

“La gestion des ressources humaines repose sur un accord d’entreprise qui reprend pour l’essentiel les dispositions en vigueur chez l’ancien délégataire et met en place une gestion unifiée des personnels quelle que soit leur origine.

Les contrats sont construits sur une hypothèse de revalorisation annuelle des charges de personnel assez élevée, 3 % pour les deux premiers exercices et 2,50 % pour les années suivantes.

L’évolution de la masse salariale s’inscrit dans le cadre d’un quasi-statut plus favorable que celui de la fonction publique territoriale, notamment en raison des avantages sociaux, qui représentent environ 12 % de la masse salariale en 2013.

L’accord d’entreprise comporte de nombreuses rigidités se traduisant par une augmentation mécanique de la masse salariale. L’évolution de cette dernière résulte également des dispositions arrêtées dans le cadre de la négociation annuelle des salaires.

Pour 2013, cette négociation s’est traduite par une augmentation, en année pleine, égale à 1,61 % de la masse salariale, hors plan de formation. ”

Si les fonctionnaires territoriaux affectés à la SPL ont toutes les raisons de se féliciter de leur nouvelle situation, les syndicats brestois des services publics qui dénonçaient une privatisation du service de l’eau voyaient juste : ” Nous allons donc assister à des recrutements éhontés de vrais faux fonctionnaires” déclarait le délégué CGT. Même son de cloche chez FO. Cet alignement salarial et statutaire sur le privé devait naturellement se retrouver sur la facture.

Ajouter à cela que “au plan fiscal, la société, malgré son caractère exclusivement public, doit acquitter les mêmes impôts que l’ancien délégataire. En 2012, l’impôt sur les sociétés et la contribution économique territoriale se sont élevés respectivement à 638 600 € et 626 096 €.”.

On aura donc compris pourquoi avec la SPL “Eau du Ponant”, faux service public et vraie entreprise commerciale, ce sont des tarifs de l’eau augmentés.

Bien des choses encore dans ce rapport, concernant en particulier la transparence.

A Lire.

Malville-Sivens. Le même drame, aussi lamentable. Une tribune de Paul Michalon.

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Par , 2 novembre 2014 10 h 54 min

« Libération » publie une tribune de Paul Michalon, enseignant, frère de Vital, tué en 1977 à Creys-Malville par une grenade offensive lors d’une mobilisation écologiste.

Malville-Sivens… on recommence. Je me souviens de cette immense procession sous une pluie morne, des cirés multicolores, et, malgré tout, de cet élan qui nous portait vers le site comme un des grands buts de notre jeunesse. Je me souviens de l’hélicoptère blanc du préfet Jannin qui tournoyait, surveillant tout, recevant et donnant certainement des ordres. Je me souviens du pré auquel les premiers milliers de marcheurs ont accédé, les autres restant bloqués sur d’étroits chemins, résultat d’une habile stratégie militaire…

Je me souviens des quelques excités, peu nombreux en vérité, tenant le devant de la scène au bas du pré. Et rapidement les tirs de grenades à cadence rapide, au bruit, au souffle ou aux gaz insupportables. Puis les fusils passant à l’horizontal. Je me souviens de Manfred Schultz, main arrachée par un de ces projectiles qu’il avait eu l’imprudence de vouloir relancer, puis de Michel Grandjean, transporté en hâte, hurlant avec son pied déchiqueté. Et du brigadier Touzeau, avant-bras explosé par la grenade qu’il allait nous envoyer – mais qu’il avait tardé à lancer. Et bien sûr, je me souviens de mon cher frère Vital, perdu de vue dans le brouillard des lacrymogènes et dont j’ai dû peu après reconnaître le corps à la mairie de Morestel.

Mutisme. Je me souviens que l’on ne nous a jamais rendu le ciré qu’il portait, que l’autopsie a conclu à une « explosion » sans plus s’avancer, et le procès à un « non-lieu » ; de l’énorme scandale qui s’ensuivit, du quasi-mutisme du gouvernement – celui-ci chargeant le médiateur de la République de prononcer quelques mots de condoléances – ; et même de l’incroyable déploiement policier lors des funérailles de notre frère, comme si « l’ennemi de l’intérieur » – voire celui de l’étranger, Jannin tonnant contre les manifestants « boches » revenant occuper la région, mais si ! – était encore à craindre.

Et puis je me souviens des socialistes montant au créneau, l’occasion étant trop belle d’envoyer des bonnes salves au pouvoir giscardien… mais refusant de s’associer à nous, la famille, pour demander une loi interdisant l’usage d’armes de guerre (dont les grenades offensives) contre une manifestation – on ne sait jamais… C’était il y a bien longtemps, trente-sept ans, à Creys-Malville.

Ignorance. Aujourd’hui, sur le site de Sivens, le même drame se reproduit à l’identique, tout aussi lamentable. Je ne connais pas Rémi Fraisse mais imagine très bien ce que sa famille ressent, et dont nous nous sentons soudain si proches. Voilà où mène l’ignorance, voire le mépris, au plus haut niveau, des questions environnementales et de l’indispensable réflexion de fond, collective et démocratique, qu’elles imposent chaque jour davantage. Les citoyens moyens sont beaucoup plus en avance que leurs élus ! Voilà où mènent les vieux réflexes de « maintien de l’ordre » par la violence d’Etat, et la mise en branle de matériel de guerre contre des manifestants – fussent-ils agités. Voilà où mène l’obsession de la conquête du pouvoir sans vraie réflexion sur ce que l’on en fera. Froncer les sourcils, faire de viriles déclarations et envoyer la troupe n’est toujours pas une politique.

Et quel beau message à destination de « la jeunesse, priorité du quinquennat » ! Depuis Malville et d’autres drames similaires, les « socialistes » n’ont rien appris, rien compris, confirmant l’adage désabusé des historiens : « La seule chose que l’Histoire nous apprend, c’est qu’elle ne nous apprend rien. »

Lire aussi :

Chronique des luttes antinucléaires. Il y a 30 ans, Malville. Souvenons nous de Vital Michalon.

Les affiches d’appel à la manifestation : manifestation pacifiste !

La une de Libé après la mort de vital Michalon.

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Lire aussi :

Chronique des luttes antinucléaires. Il y a 30 ans, Malville. Souvenons nous de Vital Michalon.

Voir aussi la vidéo de l’INA :

Amalgames, contrevérités… plus de trente ans plus tard, les commentaires des présentateurs n’ont pas changé de tonalité.

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Affaires sensibles, l’émission du jeudi 6 novembre 2014

Vital Michalon mort pour ses idées – Creys-Malville 1977

Aujourd’hui dans Affaires Sensibles la lutte contre la centrale de Creys-Malville et le drame du 31 juillet 1977.

Ce jour-là et pour la première fois en France, un manifestant meurt lors d’une manifestation écologique. Il s’appelait Vital Michalon. Son nom est revenu dans nos mémoires et dans les lignes de nos journaux depuis quelques jours avec la mort d’un autre militant, Rémi Fraisse, contre un autre projet : le barrage de Sivens.

Creys-Malville, des bribes de souvenirs, fragments d’un passé où la lutte écologiste existait déjà mais sans la caution d’aujourd’hui, sans la prise de conscience de la nécessaire protection de l’environnement qui s’est organisée et qui a réussi à infiltrer toutes les couches de la société et tous les secteurs d’activité. Autour de Creys-Malville, c’était un combat contre un nouveau type de centrale nucléaire, au nom grandiloquent de Superphénix… un surgénérateur. La lutte fut longue, pugnace, imaginative, couronnée de succès pour ceux qui l’ont menée mais entachée d’un drame qui restera longtemps dans les mémoires des militants écologistes.

Retour aujourd’hui sur cette marche du 31 juillet 1977, avec pour témoin, notre invité : François Simon, élu Europe Ecologie Les Verts au Conseil régional Midi-Pyrénées, il a participé au mouvement de 1977, il est à Sivens aujourd’hui.

►►► Reportage à Toulouse lors de la manifestation, le 1er novembre, en hommage à Rémi Fraisse et contre le barrage de Sivens. Notre reporter Gaylord Van Wymeersch a rencontré les manifestants, notamment Gérard Onesta, élu Europe Ecologie Les Verts.

Aller plus loin

►►► Article de Libération qui met en parallèle la lutte de Malville et celle du barrage de Sivens : “Le même drame, aussi lamentable” (31/10/2014).

►►► Interviews d’Emmanuel et Danielle Michalon, frère et belle-soeur de Vital Michalon : “Mort de Rémi Fraisse : des similitudes avec le décès de Vital Michalon à Creys-Malville” (30/10/2014).

Une émission à suivre, commenter et partager sur Facebook.

Ecouter l’émission.

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Sivens : la faute des gendarmes, le mensonge de l’Etat

Médiapart. 06 novembre 2014

L’État l’a su immédiatement et l’a caché : c’est bien une grenade offensive qui a tué sur le coup dans la nuit du 25 au 26 octobre Rémi Fraisse. D’après les premiers éléments de l’enquête et des témoignages de gendarmes mobiles, une longue chaîne de responsabilités a abouti à la mort de l’étudiant écologiste. Le gouvernement a tenté durant quarante-huit heures de brouiller les pistes.

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Centrale électrique à gaz de Landivisiau : Question écrite de Laurence Abeille, députée EELV, à l’assemblée Nationale.

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Par , 29 octobre 2014 15 h 30 min

Texte de la question

Mme Laurence Abeille interroge Mme la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie sur le projet de centrale à cycle combiné gaz à Landivisiau. Le pacte électrique breton signé le 14 décembre 2010 se décline en trois volets : mener des efforts importants de maîtrise de la demande en électricité, assurer un développement ambitieux de la production d’énergies renouvelables et enfin sécuriser l’alimentation électrique (production et réseaux). La construction d’une nouvelle centrale à cycle combiné gaz (CCCG) de 400 MW à Landivisiau dans le nord du Finistère vise à répondre aux exigences de ce dernier point, notamment du fait des risques de « black-out » liés aux pics de consommation électrique les jours de grand froid.

Cependant, les élus Europe Écologie les Verts (EELV) du conseil régional de Bretagne ont déjà fait remarquer que la programmation pluriannuelle des investissements de production (PPI) 2009 a fixé un objectif de 10 tranches au gaz à l’horizon 2012 en France, un objectif dépassé au 1er janvier 2013 puisque 13 groupes de CCCG étaient alors en activité. De même, ces élus expliquent que la centrale envisagée devra fonctionner au minimum 4 000 heures par an afin d’être rentable. Or un tel scénario apparaît peu probable alors que les CCCG actuellement en service fonctionnent en moyenne moins de 3 500 heures par an.

Ce point n’est pas anodin puisque le contrat avec Direct énergie-Siemens prévoit un versement de 40 millions d’euros par an sur 20 ans, soit 800 millions d’euros, en cas de non rentabilité de la centrale. Une facture qui serait en outre payée par les abonnés au gaz de toute la France, par l’intermédiaire de la CSPE.

Enfin, le collectif Gaspare a élaboré, en collaboration avec le bureau d’études et de conseil en écologie Horizons, un scénario électrique alternatif breton pour la période 2011-2025. Ce dernier démontre qu’il serait possible de satisfaire les besoins de la Bretagne sans nouvelle centrale à gaz. Fort du sérieux de ses travaux et d’une légitimité reconnue par le préfet de la région lui-même, le collectif appelle donc à la réactualisation des données du pacte électrique breton afin de tenir compte des récentes évolutions de la croissance économique et de la consommation domestique. Au vu de tous ces éléments, les élus EELV du conseil régional de Bretagne ont appelé à la signature d’un moratoire sur le projet de construction d’une centrale à cycle combiné gaz de Landivisiau. Elle souhaiterait savoir quelle suite elle souhaite donner à cette requête.

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