La majeure partie de la loi Dumplomb va être appliquée, mais l’acétamipride est interdit. Autre fait positif, le débat sur les pesticides et les nuisances de l’industrie agroalimentaire qui avait été escamoté à l’Assemblée nationale est réapparu dans les médias, grâce à la pétition d’une jeune étudiante et à tous ceux qui l’ont diffusée. Des scientifiques, des médecins, des citoyens soucieux de la santé publique et de l’environnement ont pu s’exprimer. On a pu entendre, entre autres, « pesticide », « cancer ». Claire Breteau, responsable d’une association de malades du cancer, a particulièrement marqué les esprits à l’Assemblée nationale, mettant en évidence l’irresponsabilité des élus de droite et d’extrême droite.
Jusque là, depuis début 2024, quand les gros tracteurs de la CR et de la FNSEA bloquaient une partie du pays, c’était la propagande du lobby qui rentrait dans les cerveaux des citoyens-consommateurs.
Un des principaux éléments de langage prétend que « nos agriculteurs » n’ont pas d’alternative à l’acétamipride, comme il n’y avait pas d’alternative au glyphosate. En conséquence, empêcher l’utilisation de ce produit en France fera remplacer les productions de betteraves à sucre et de noisette par des importations étrangères de moins bonne qualité que les productions françaises, les meilleures au monde, évidemment. Il y a une alternative qui est expérimentée depuis des dizaines d’années et qui fonctionne aujourd’hui dans 60.000 fermes en France, ça s’appelle l’agriculture biologique. En cherchant un peu dans les médias on peut trouver des reportages sur des producteurs de betteraves à sucre bio. L’agriculture biologique n’a pas besoin de l’acétimipride, elle n’utilise ni pesticides ni engrais chimiques de synthèse. Ces derniers sont pour la plupart achetés à la Russie, fabriqués en brulant une énorme quantité d’énergie fossile.
L’agriculture biologique, surtout en circuit court, assure la fameuse « autosuffisance alimentaire » injustement revendiquée par le lobby. Aujourd’hui, neuf millions d’hectares sont cultivés à l’étranger pour fournir la France.
L’agriculture biologique supprime les élevages industriels hors sols très gourmands en soja importé, et se fournit en protéines en cultivant des légumineuses.
Depuis la fin du siècle dernier, la filière bio s’est mise en place avec ses paysans et leurs fournisseurs, les transformateurs et les distributeurs. Ainsi les consommateurs peuvent agir sur le marché par le moyen le plus efficace dans le système capitaliste : le BOYCOTT. Tout le monde mange, tout le monde achète sa nourriture plus ou moins directement. Le mouvement bio permet à tout le monde d’agir. Les produits issus de l’agriculture bio sont réglementés par un cahier des charges, contrôlés et clairement identifiés en bout de chaîne. Malgré tous les avantages que procurent les produits bio (santé, meilleur goût, etc…), la part du marché bio ne dépasse pas les 6%. Sa marge de progression est grande.
Une grande partie des 90% de consommateurs qui ne mangent pas bio ont les moyens de payer un peu plus cher leurs aliments. Une étude récente du Shift Project nous apprend que seulement 7% du budget du consommateur français moyen sert à payer les produits issus de la ferme. C’est le chiffre d’affaire du paysan, ce n’est même pas son bénéfice. On peut manger moins de produits chers, comme la viande et les produits laitiers, les fruits et les légumes hors saison. C’est meilleur pour la santé. On peut diminuer les achats de produits transformés en cuisinant. On peut acheter directement aux producteurs au marché et le reste dans les Biocoop, et éviter de fréquenter les galeries marchandes de la grande distribution. On évite ainsi les produits que les techniciens du marketing arrivent à nous faire acheter.
Manger bio ne coûte pas plus cher et peut nous faire faire des économies tout en améliorant le revenu des paysans.
Mangeons bio, local, végétal, peu ou pas de viande et de produits laitiers, des produits de saison, ce n’est pas nécessaire de manger des tomates toute l’année.
Nos impôts financent à hauteur d’une quinzaine de millions d’euros le lobby agroalimentaire français. 80% des 9 milliards d’euros de la PAC (Politique agricole commune européenne) vont à 20% des agriculteurs, les plus gros. Beaucoup d’entre eux n’ont pas un arbre, une haie, un talus, une praire, une mare, une zone non cultivée et non bâtie dans l’ensemble de la surface de leur ferme. Ces gens-là polluent, détruisent les paysages et la biodiversité, et produisent en Bretagne 40% des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique. Ils n’assurent aucun service public, ils n’ont aucune légitimité pour toucher des aides publiques. Leur discours est toujours celui de la droite et du patronat, revendiquant moins d’impôts, moins de cotisations sociales, moins de réglementations, moins d’administration.
Il serait logique que les politiques du pouvoir les laissent se débrouiller avec le marché et réservent les fonds publics aux paysans bio qui ne causent pas de nuisances et assurent, eux, un vrai service public, qui aide a la santé publique, à la bonne qualité de l’air, de l’eau, à une quantité d’eau suffisante pour tout le monde, aux équilibres climatiques, aux paysages, à l’ensemble du patrimoine naturel, à la gastronomie et aux cultures rurales.
Le Nord-Finistère, en Bretagne, n’est pas particulièrement réputé pour son industrie chimique. Pourtant, depuis le 17e siècle, c’est à dire depuis le début de la chimie, une activité chimique y est menée, sans interruption, autour des algues.
L’industrie de la “soude” (carbonate de sodium) se développe d’abord. On extrait ce produit des cendres de goémons séchés. Il est indispensable à la fabrication du verre. Cette activité s’arrête à la fin du 18e siècle quand de nouveaux procédés sont découverts.
Elle reprend en 1829 après que le chimiste Bernard Courtois ait découvert, en 1812, un nouveau et utile produit dans les cendres d’algues : l’iode. L’iode est utilisée, en particulier, en photographie et en médecine. Sa production en Bretagne s’arrête en 1952 à cause de la concurrence de l’iode extrait des nitrates du Chili.
Aujourd’hui le relais est pris par l’extraction des alginates contenus dans les grandes laminaires.
1965. De Gaulle a décidé de faire de l’Île-longue une base de sous-marins nucléaires. A l’occasion d’un travail universitaire (année 2004/2005), quarante ans après les évènements, Serge Borvon a rencontré des témoins de l’expropriation des habitants de l’Île-longue dans la presqu’île de Crozon pour l’installation de la base de sous-marins nucléaires.
Premier informateur, M. Francis Sénéchal, 90 ans, ancien sous-marinier en retraite et ancien conseiller municipal à la Libération, demeurant à Rostellec en Crozon.
Serge Borvon : Pouvez-vous me parler des tout-débuts de l’annonce de l’installation de la base nucléaire de l’Île-longue ?
M. Sénéchal : C’est moi qui ai monté ce comité. Il y a eu dans la presse un article nous disant qu’on allait prendre l’Île-longue pour faire une base de sous-marins atomiques.[.]Suite à une réunion à Quimper, le préfet du Finistère a mis un article dans la presse en disant que l’on allait prendre l’Île-longue. Alors quand les habitants ont su ça, ils sont venus me voir en me demandant qu’est-ce qu’on aurait pu faire pour essayer de balancer cette base, parce que personne n’en voulait. Je dis” peut-être on peut faire un comité de défense, on va essayer de faire déplacer cette base ailleurs”, mais il n’y avait rien à faire, c’était déjà fait, parce que la municipalité de Crozon qui était dirigée par le docteur Jacquin était pour. Les expropriations ont été mal menées, on nous a envoyé un monsieur de Paris, et alors il faisait pression sur les gens en disant “non on peut pas vous donner plus”. Il essayait de diviser les gens pour régner. Il y avait quelques personnes qui voulaient avoir un peu d’argent, il leur payait et nous avons été tous bloqués. Avec cette affaire-là ç’a été une belle manœuvre.
Serge Borvon : Quand les gens vous ont contacté quelles étaient leurs inquiétudes. l’installation d’une base militaire ou bien le risque lié à l’armement nucléaire présent sur le site ?
M. Sénéchal : C’est les deux, les gens n’en voulaient pas, ni du militaire, ni du nucléaire, parce que nous avions toutes sortes de servitudes, un polygone d’isolement, on ne nous l’avait pas dit au début.
Serge Borvon : Les gens se sont divisés dans la population ?
M. Sénéchal : Au début ils ont donné du travail aux gens, vous comprenez, alors là, ç’a a commencé à virer. Oui, les gens ce sont divisés dans la population… Naturellement, ils ont dit “Pourquoi voulez-vous que l’on fasse partie de ce comité de défense puisqu’on nous donne du travail ?”. On leur a dit aussi que ce n’était pas plus dangereux que la pompe à essence du garagiste de Crozon. C’est la municipalité qui avait invité ça.
Serge Borvon : C’est quand même intéressant de savoir, que dans votre comité, il y avait d’anciens militaires.
M. Sénéchal : Oui, nous étions trois anciens de la marine nationale, dont le président M. Montillet, qui était un officier de l’équipage en retraite. Et vous savez pas, je vais vous dire quelque chose, il vaut mieux que vous gardiez ça pour vous, tous les policiers de Brest avaient acheté ici des terrains à bâtir dans la zone où on devait exproprier [.]Ils savaient d’avance quelle était la place qui devait être expropriée. Aussitôt j’ai demandé à connaître le plan parcellaire, et c’est là que je me suis rendu compte qu’ils avaient acheté dans la zone à exproprier.
Serge Borvon : Vos actions ont presque duré deux ans ?
M. Sénéchal : Je vais vous dire comment ça s’est passé. Il y a des gens, dont la paysan ici, il a signé quand le “chargé” de Quimper est venu faire un sondage, il a touché 11 millions pour ses terrains. Il a signé et tout la monde après était bloqué, nous étions dans l’obligation de signer. Ceux qui ont été en appel avec Garapin ont eu beaucoup moins que ceux qui avaient signé.
Serge Borvon : J’ai lu dans les journaux qu’il y avait eu de grandes manifestations ?
M. Sénéchal : Oui nous avons manifesté à Quimper, vous savez comment on a été accueilli ? “M. Sénéchal si un jour vous faites des manifestations à Quimper je vous briserai – Tiens ! je dis, pourtant quand il y a des manifestations de paysans vous faites rien. A Crozon nous avons été pris pour des révolutionnaires, à Morgat surtout on était mal vus. Eh oui autrefois les gens de l’Île-longue travaillaient dans les carrières, c’étaient des ouvriers, des petites gens, et alors ils votaient à gauche. Vous comprenez pourquoi nous étions délaissés par les élus et que le maire n’était pas contre l’Île-longue.
Serge Borvon : Aujourd’hui les riverains ont-ils des inquiétudes par rapport aux risques qu’il peut y avoir ?
M. Sénéchal : Vous savez tout se passe en vase clos, on ne peut pas savoir ce qui se passe , même qu’il y ait des radiations tout cela est interdit de diffusion. Vous ne saura jamais ce qui se passe. A ce qu’il paraît il y aurait eu des radiations mais ça a été camouflé.
Remarque de Serge Borvon : Quelques jours après notre entretien, la presse faisait état d’un décès dû à une contamination en 2002.
Le deuxième entretien a eu lieu chez M. et Mme Magadur. Monsieur Magadur a 70 ans, il est ancien ouvrier d’une entreprise sous-traitante de la DCN (Direction des constructions Navales). Au moment des expropriations, M. et Mme Magadur habitaient Brest, c’étaient les parents de M.Magadur qui vivaient à l’Île-longue.
Serge Borvon : Quand avez-vous appris que ce site allait être retenu ?,
M. Magadur : Vous savez on a vu apparaître sur la route des gens qui n’étaient pas du coin, des messieurs surtout. Oui, ça s’est passé drôlement. Un jour ma belle-mère me dit : “tu sais, on va partir de l’Île-longue. Moi je ne cois pas ça” – vous savez, ma belle-mère parlait un petit peu nature – “moi je ne crois pas ça” qu’elle me dit. Elle était obligée de se rendre à l’évidence, et un jour elle m’a dit : ” Tu sais, je ne suis pas propriétaire, c’est de Gaulle mon propriétaire”, ça a été dur pour elle, très dur. Mon père d’ailleurs s’est laissé presque… oui il s’est laissé presque… mon père n’a plus réagi après, dès qu’il est venu ici ça été fini.
Serge Borvon : Donc vous avez appris en voyant des gens arriver ?
M. Magadur : Eh bien oui, deux ou trois expropriateurs, un peu dans le genre de gendarmes déguisés en civil. Il y en avait un [.] il disait franchement aux gens, aux pauvres veuves qui ont mis toute une carrière pour faire un pennti : “Si vous ne signez pas, la prochaine fois ça sera moins”, et alors elles perdaient un peu les pédales.
Mon père était dans la Marine, son rêve était de retourner chez lui à la retraite. On venait juste de finir de retaper toute la maison – le plus dur c’est qu’on nous laissait continuer à faire tous les travaux jusqu’au moment où on nous a dit de partir. J’ai essayé de lutter, mais j’ai vite compris, même avec les élus de Crozon, que les intérêts n’étaient pas les mêmes. Ceux qui ont défendu le plus, ce sont les touristes, l’été, qui ont manifesté avec nous, mais les gens du Fret et de Crozon, non : il y avait trop d’intérêts.
Quand on voit une maison comme celle-ci (les maisons construites pour reloger les expropriés au Zorn), voilà une maison qui coûtait à l’époque 160 000 F, les gens disaient “il a eu tout ça de l’Île-longue”, mais il faut savoir aussi ce que l’on a laissé qui vient de mes grands-parents, de mes parents. Nous avions deux maisons à l’Île-longue, des terrains, nous étions heureux et subitement on vous dit “il faut partir”. Mon père n’a pas supporté ça, il s’est laissé mourir, il est mort en 1979, il ne touchait plus à rien ici, c’était fini.
Serge Borvon : Pourquoi à votre avis le choix de l’Île-longue.
M. Magadur : J’ai eu l’occasion de discuter avec une personne très bien placée à l’Île-longue, il y a eu une conférence et je suis allé le voir un peu à la fin. “Dites donc monsieur, j’ai fait partie du comité de défense contre l’Île-longue, pour vous est-ce que c’était un bon choix l’Île-longue ?” – ” Pour moi c’était le plus mauvais choix, vu la population de Brest à une distance de huit kilomètres. Il fallait un départ direct sur la mer, le mieux était vers le Cap de la Chèvre”. Alors si cela avait été Morgat, on mettait le feu à la Presqu’île, il y avait des intérêts, il y avait des maires, des notaires, ils avaient tous des terrains. Le choix s’est porté sur l’Île-longue par rapport au trajet, il fallait que les militaires puissent rentrer chez eux le soir.
Ce sont mes beaux-parents qui ont quitté les derniers l’Île-longue, ils ont quitté parce que les travaux avaient commencé. Ils n’avaient rien trouvé pour se reloger, et les ouvriers ont donc fait sauter les mines et mon beau-père a failli être tué là, il y a un rocher qui est tombé à côté de lui. Et ma belle-mère a eu juste le temps de le retirer, et elle a dit “Cette fois-ci on s’en va, on ira n’importe où mais on s’en va”. ils faisaient sauter de plus en plus de mines et de plus en plus près pour les faire partir… Ils avaient du chagrin… Ma fille me dit encore que les meilleurs moments de sa vie , ce sont ceux qu’elle a passé avec ses grands-parents à l’Île-longue, dans la petite maison bleue. Et la pêche que nous faisions ! …c’était un vrai vivier à coquillages et à poissons
Serge Borvon : Au début le maire, le docteur, semblait défendre les futurs expropriés, et ensuite on voit que le maire refuse de participer à une manifestation, que s’est-il passé ?
M. Magadur : Vous savez le parti socialiste était contre à l’époque, donc ceux qui étaient contre les expropriations se mettaient du côté du parti socialiste. Vous savez, il ne faut pas raisonner droite gauche dans cette affaire. Nous avions aussi le soutien des pêcheurs de la rade, car il y avait un bon banc de coquilles Saint-Jacques dans le secteur, ils étaient aussi menacés.
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Serge Borvon : Indépendamment du problème d’expropriation, y-a-t-il eu des craintes par rapport au nucléaire ?
M. Magadur : Oh oui ! On n’avait que ça dans la bouche. vous savez que l’État a menacé M. Montillet de suspendre sa retraite d’officier de marine parce qu’il était à la tête du mouvement. Dans cette bagarre se retrouver face au mur avec des forces comme cela, c’est révoltant.
Serge Borvon : Y-a-t-il des personnes qui ont rejoint votre comité par peur de la radioactivité, sans parler des expropriations ?
M. Magadur : Oh si ! On parlait beaucoup à l’époque de la radioactivité, ceux qui étaient conscients de ça en parlaient, mais la population était surtout occupée par d’avoir leur bien, mais la radioactivité, M. Montillet parlait beaucoup de ça, lui qui avait été dans la Marine. Avec le nucléaire, on ne peut jamais savoir…
Pour aller plus loin les témoignages d’acteurs de la construction de la base.
Pierre Pommellet a dirigé le chantier de l’Ile Longue de 1966 à fin 1969. Interrogé par le télégramme :
Le Cap de la Chèvre avait également été envisagé ?
Oui, je m’y suis rendu plusieurs fois sur place mais les études ont montré que la houle était trop forte. Il aurait fallu construire une jetée de protection considérable. Avec le recul, il faut avouer que cela aurait été dommage de dénaturer un tel site. Certains avaient imaginé un long tunnel pour traverser la presqu’île. Les exigences et la pression écologiques n’étaient pas aussi affûtées qu’aujourd’hui.
L’Ile longue, en 1965, était également un endroit naturel exceptionnel…
Oui, c’était très joli et plutôt sauvage vers son extrémité. Il y avait beaucoup de fermes et un éperon rocheux impressionnant, un à-pic de 40 mètres de hauteur qui surplombait des eaux cristallines. Il y avait des maisons secondaires à l’entrée et pas mal de fermes où l’on croisait d’ailleurs des métayers très touchants. Les expropriations nous ont émus mais il a fallu avancer.
Les procédures vous ont-elles impressionné ?
Je n’ai jamais vu dans ma carrière des procédures aussi expéditives. Tout est allé très vite, il fallait finir trois ans plus tard. Après une campagne de sondages, les gros engins de terrassement ont commencé par araser les hauteurs et déposer surtout dans l’Ouest les matériaux pour étendre de 40 % la surface de la presqu’île et permettre la réalisation des voies de circulation.
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Rapporté d’un mémoire universitaire présenté par Kerian Bouthemy : Au début des travaux, en 1967, un des principaux responsables des Travaux Maritimes présents sur le site, se souvient d’avoir été, comme ses camarades, conspué et injurié par une partie des expulsés : « Ce fut un moment très pénible à supporter, nous étions là pour faire notre travail, certes, mais nous ne pouvions rester insensibles devant la détresse, réelle et compréhensible des expropriés. Ainsi la famille d’une femme âgée nous suppliait-elle de la laisser mourir chez elle. C’est sans doute l’épisode qui m’a le plus ému.
Qui n’a pas entendu parler de la pollution des eaux bretonnes par les nitrates et les pesticides. Qui ne sait, à présent, que le problème est général sur l’ensemble du territoire français où plus des 3/4 des ressources sont contaminées à des degrés divers. Pourtant c’est à des milliers de kilomètres de l’hexagone qu’il faut aller chercher les exemples les plus dramatiques de territoires contaminés : dans les paradis ensoleillés de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane ou de la Réunion.
Une alerte venue de Bretagne.Harry Durimel, Maire de Pointe à Pitre :
“C’est Gérard Borvon, un camarade écologiste breton, qui me prévient. Ici, on n’en parlait pas. En 2002, je ne sais même pas à quoi ressemble ce chlordécone, si c’est de la poudre, une substance liquide… Quand je commence à m’intéresser au sujet, je découvre l’existence d’études déjà alarmantes et que les États-Unis l’ont interdit dès 1977 à cause de sa dangerosité. C’est pourquoi notre premier tract titrait : « On n’a pas demandé à manger du poison ».” (Harry Durimel, maire de Pointe à Pitre)
Depuis 2003, Gérard Borvon a travaillé sur les conséquences de l’utilisation massive du chlordécone, un pesticide résistant, dans les plantations de bananes aux Antilles. Il témoigne. (le télégramme)
Le rapport du cancérologue Dominique Belpomme vient de faire l’actualité. En tant que membre du comité national de l’eau où il siège depuis dix ans au titre de président de l’association S-eau-S, Gérard Borvon en sait long sur ce dossier.
Comment avez-vous été alerté ?
Des représentants de la Guadeloupe étaient venus, en 2003, décrire leur situation au comité qui a un rôle consultatif sur toutes les directives-cadres européennes. J’ignorais cette pollution dramatique. Je me suis aperçu qu’il y avait pire que le cas breton. Un rapport avait été remis en 2001 à Dominique Voynet. Il était explosif mais n’avait pas été exploité. Vous savez, en dix ans, j’ai connu six ministres de l’Environnement au comité local de l’eau.
Qu’avez-vous fait ?
J’ai été amené à faire des conférences en Guadeloupe en 2005 sur les dangers des pesticides. Des associations voulaient en savoir plus. Depuis deux ans, elles se bagarraient déjà pour avoir une enquête. Elles avaient déposé plainte pour empoisonnement mais leur avocat avait subi des pressions. Le barreau s’était même mis en grève pour soutenir cet avocat. Mais le procureur avait retiré sa plainte. C’était l’omerta.
Pauline Louis-Joseph-Dogué n’y est pas allée avec le dos de la cuillère, dans son propos liminaire, en ouverture de séance du conseil départemental du Finistère, ce jeudi 6 mars 2025.
Dans son viseur : le futur stade du Froutven, à Brest. Une volonté commune des dirigeants du Stade Brestois et de Brest Métropole, qui nécessitera un apport d’argent public. Le conseil départemental, lui, est sollicité à hauteur de six millions d’euros.
Extraits :
“C’est un scandale pour une politique climaticide, c’est totalement indécent” [.] le projet “qui n’est plus 100% privé” contrairement à ce qui avait été annoncé initialement par les frères Le Saint à la tête du club “constitue un risque financier important” [.] “Le respect des limites planétaires n’est plus une option. C’est une nécessité“.
Bravo et merci Pauline, pour cette courageuse intervention.
Nous présentons ici des extraits du Mémoire de recherche de Master 2 « Civilisations, Cultures et Sociétés Mondes modernes et contemporains Année Universitaire 2023-2024 » de Kerian BOUTHEMY. Des recherches approfondies qui bénéficient, en particulier, de la récente ouverture des archives de la marine.
Parmi les problèmes que doit résoudre l’organisation Coelacanthe chargée du choix, figure évidemment le point d’implantation en France du port-base et des infrastructures nécessaires pour mettre en œuvre une force maritime de dissuasion crédible en pleine Guerre Froide.
Le 17 février 1965, dès le retour de son voyage dans le Finistère, le général de Gaulle réunit au Palais de l’Élysée le conseil des ministres auquel il annonce « que les perspectives de Brest et le rôle capital que cette base est appelée à jouer dans la défense française, sont tout à fait satisfaisants».
Après l’annonce du projet suit une semaine de confusion, un comité de défense des intérêts de l’Île Longue se constitue. Pour la première fois les habitants de la presqu’île se mobilisent contre l’emprise militaire.
Au début des travaux, en 1967, un des principaux responsables des Travaux Maritimes présents sur le site, se souvient d’avoir été, comme ses camarades, conspué et injurié par une partie des expulsés : « Ce fut un moment très pénible à supporter, nous étions là pour faire notre travail, certes, mais nous ne pouvions rester insensibles devant la détresse, réelle et compréhensible des expropriés. Ainsi la famille d’une femme âgée nous suppliait-elle de la laisser mourir chez elle. c’est sans doute l’épisode qui m’a le plus ému. »
Dès les premiers mois, en mai 1964, “Le Peuple Breton”, le journal de l’Union Démocratique bretonne (UDB) s’attaque à la situation de la presqu’île de Crozon et aux chantiers militaires de Lanvéoc. Après la résistance de Plogoff, bien d’autres oppositions se manifesteront.
Alors que nous luttions contre le projet de construction d’une centrale nucléaire à Plogoff, dans la pointe du Raz, certains de ses partisans nous interpellaient : « vous luttez contre une pacifique centrale électrique, mais vous oubliez que vous avez à votre porte, à L’Île Longue, une base de sous-marins nucléaires dont les missiles sont destinés à faire des millions de morts » .