Ouest-France suspend la publication sur l’ensemble de ses comptes X (ex-Twitter)
Ouest-France Loup LASSINAT-FOUBERT. Publié le 19/11/2024
Après plusieurs mois d’activité a minima sur ses comptes X (ex Twitter), Ouest-France décide d’y suspendre sans délai ses publications. Le média, attaché aux valeurs démocratiques, au débat apaisé et à la lutte contre la désinformation et le harcèlement, proteste ainsi contre le manque de régulation et de modération de la plateforme.
Ouest-France annonce suspendre ses publications sur le réseau social X, anciennement Twitter.
Ouest-France annonce suspendre ses publications sur le réseau social X, anciennement Twitter.
Le 27 octobre 2023, en signe de protestation vis-à-vis du manque de modération et de régulation du réseau social X (ex Twitter), où pullulent désinformation et fake news, Ouest-France avait débranché ses publications sur la plate-forme. Cette « grève » avait été lancée par un collectif pour en dénoncer les dérives. Depuis, nos différents comptes n’étaient plus alimentés qu’à la marge : le compte général est ainsi passé de 200 tweets quotidiens à une vingtaine de tweets par semaine.
En un an, force est de constater que rien ne s’est arrangé : les nouvelles mesures prises par le réseau, sous la direction d’Elon Musk, l’affaiblissent au contraire davantage. Après le flou entretenu autour des « pastilles bleues » (anciennes certifications indiquant la fiabilité d’une source, devenues de simples badges d’utilisateurs payants), le réseau a modifié les conditions de blocage, nuisant ainsi à la sécurité des utilisateurs et offrant une brèche de taille face au cyberharcèlement.
La nomination d’Elon Musk, opposé à toute forme de régulation, dans l’administration de Donald Trump ne risque pas de simplifier l’équation.
Ouest-France réaffirme ses valeurs face aux « réseaux anti-sociaux »
Pour ces raisons, et pour la défense des valeurs de notre média, attaché à la démocratie, à l’apaisement du débat et au respect de chacun, nous avons décidé de suspendre les publications sur X, ex Twitter.
Dans l’état actuel des choses, il ne nous semble en effet ni judicieux ni opportun d’alimenter ce réseau, tant que de sérieuses garanties ne sont pas déployées face à la désinformation, face au harcèlement et face à la violence. Notre présence sur la plate-forme, qui ne tenait jusque-là qu’à la volonté farouche de porter une parole claire et fiable au milieu de ce tumulte, ne peut hélas plus résister face à la tension de l’algorithme.
20 ans de Facebook : les réseaux sociaux ont-ils été un progrès pour la société ?
En effet, les règles du jeu sont désormais biaisées : les médias refusant de se soumettre aux offres payantes voient leur visibilité réduite comme peau de chagrin, tandis que les auteurs de publications douteuses n’ont qu’à payer pour trouver une audience plus large.
Si nous continuerons d’intégrer des publications X dans nos articles, dans le cas d’une information originale publiée sur la plateforme et sous réserve de sa fiabilité, l’ensemble des comptes X Ouest-France (compte général, comptes locaux, comptes sportifs…) ne seront désormais plus alimentés, ni par des productions natives, ni par des republications.
Respecter le journalisme
« Comment avons-nous pu transformer des outils de débats et qui pourraient être tellement utiles à la démocratie, en des machines infernales ignorant les règles du droit et de l’éthique ? Pourquoi cette impunité ? Comment accepter que l’Internet soit à ce point une zone de non droit ? » s’interrogeait le président du directoire de Ouest-France, François-Xavier Lefranc, dans un éditorial.
Aujourd’hui, X a tourné le dos aux médias et n’offre pas les conditions nécessaires à l’exercice serein du journalisme, comme l’ont également constaté le quotidien britannique The Guardian et l’espagnol La Vanguardia. Constat amer et ironique, sachant que les réseaux sociaux se sont avant tout construits en grande partie sur le partage de contenus élaborés par des tiers.
Par les tensions qui y demeurent et le manque de vigilance face aux débordements, X contribue également à l’empoisonnement du débat public, pourtant vital à la démocratie. Cette situation, que nous déplorons depuis plus d’un an, nous amène donc à suspendre la présence de notre média sur ce réseau.