Novembre 1990. Un tri mal fait entraîne beaucoup de refus à l’usine de traitement des déchets de Plouédern (voir les chapitres précédents de la saga des déchets).
Faute de centre d’enfouissement proche ils sont expédiés en Mayenne à un prix de plus en plus élevé.
Il manque une site de collecte dans le Finistère, d’où l’idée conjointe du maire de Landerneau : une décharge à Irvillac sur des terrains appartenant au maire de cette commune.
Faut-il des sites de traitement des déchets ultimes dans le Finistère ?
La question se posait en 1990 comme elle se pose encore aujourd’hui.
La réponse est naturellement Oui. Et il en faudrait même plusieurs.
Pour cela :
- il faut qu’ils soient situés dans un endroit accessible, en particulier à proximité des “quatres voies” qui drainent le nord et le sud.
- considérés comme des installations industrielles (caissons étanches, récupération des eaux de lessivage et des gaz de fermentation… ) dont la place pourrait être ces zones d’activité qui jalonnent déjà les voies express.
- accompagnés d’une politique de réduction massive des déchets et d’un tri efficace.
Pourquoi un site d’enfouissement pour le SIVOM de Landerneau ?
En l’année 1990, avec l’arrêt du combusoc, le taux de refus est passé de 15% à 50% à l’usine de Plouédern. Or, faute d’une autre solution, ces refus qui représentent 12 000 tonnes, sont expédiés près de Laval. L’idée d’un centre de traitement de ces refus se pose donc.
A Langazel, il était prévu un stockage en surface. C’est l’idée d’un centre d’enfouissement qui se précise alors.
Dans l’article ci-dessus de novembre 1990 le lieu proposé pour le site n’est pas précisé mais bientôt il est connu : Irvillac.
Pourquoi à Irvillac ?
Irvillac n’est pas particulièrement près de Plouédern et qui a pratiqué la route entre Landerneau et Irvillac sait qu’elle est agréable mais bien sinueuse et bien étroite.
Mais… le maire de Irvillac dispose de terrains disponibles et de qualité agricole médiocre. Va donc pour Irvillac !
Naturellement cela crée un choc dans une population qui a choisi de vivre dans une commune dont l’éloignement des axes principaux de circulation est compensé par un cadre de vie agréable. D’autant plus que le site projeté est particulièrement sensible sur le plan du paysage.
Un comité de défense se met en place, des réunions voient arriver un public de plus en plus nombreux. L’association “Landerneau-Ecologie” y est invitée et constate, en plus d’un choix géographique mal adapté, une géologie qui l’est tout aussi peu. Les schistes du sous-sol sont loin d’avoir l’imperméabilité souhaitée.
Deux ans et quelques manifestations plus tard le projet est “toujours gardé sous le coude”, dit le maire de Landerneau, mais il est clair que la mobilisation l’a fait reculer.
Morlaix, un vieux serpent de mer
On reparle en cette année 2009 d’un site d’enfouissement à Morlaix. C’était déjà le projet alternatif des années 90. Lui aussi combattu par la population locale.
Promesses de ministre
En septembre 1993, Michel Barnier, alors ministre de l’environnement, promettait une “décentralisation en matière d’environnement”. On sait ce qu’il est advenu de cette belle promesse, la Bretagne n’ayant même pas obtenu la “compétence eau” qu’elle revendiquait pendant le récent mandat.
“Il ne faut pas mentir aux français” déclarait-il devant les industriels réunis à la Baule ” Nous aurons besoin de stockage de déchets ultimes, répartis d’une manière équilibrée sur l’ensemble du territoire”.
En particulier il en promettait un par région pour les déchets industriels spéciaux. En Bretagne on l’attend toujours.
Moins d’autoroutes et plus de stations d’épuration, disait-il.
Michel Barnier avait au moins le sens des belles phrases :
“A l’avenir, il faudra sans doute moins faire d’autoroutes et plus de stations d’épuration.” osait-il déclarer.
15 ans plus tard on continue a vouloir construire routes et autoroutes (y compris à Landerneau où une pénétrante sud menace à nouveau) et la France est sous le coup d’une menace de sanction européenne pour insuffisance de stations d’épuration.
Quant aux centres de stockage des déchets on les attend toujours et la dernière fois que l’on a vu Michel Barnier en Bretagne c’était pour cèder devant les manifestations violentes des pollueurs et renoncer à lutter contre la pollution de l’eau en ordonnant la fermeture de captages, en particulier sur l’Horn.
Quinze ans ont passé et toujours pas de décharge de classe 1 en Bretagne. Rendez vous en 2025 !
A suivre : La saga des déchets.5. Opération composteurs.